Voyages

Les bienfaits du voyage solo : apprendre à s’aimer soi-même

Dans quelques jours, ça fera exactement trois mois que je suis partie. 3 mois que j’ai quitté mes attaches, ma famille, mes amis, ma zone de confort et tout ce que j’aimais le plus au monde. Pourquoi ?

Cette question revient relativement souvent dans les prémices de conversations entre voyageurs. En règle général, pas besoin de préparation au préalable. On sait tous approximativement pourquoi on est partis. Et pas d’inquiétude, le discours devient vite rôdé au bout de quelques semaines. S’il y a une chose que je peux affirmer avec certitude, c’est que, et sans exceptions, on est tous en train de fuir quelque chose. Ou quelqu’un. Au début, on pense que ce quelqu’un, c’est celui qu’on aime. Celui qui nous fait mal, qui déchiquette notre coeur chaque jour un peu plus, qui le piétine. Parfois par préméditations, souvent par maladresse. En réalité, avec le temps, on s’aperçoit rapidement que ce « quelqu’un » qu’on fuit et qui nous fait si mal, c’est nous même. Il y a fort à parier que le seul coupable de son mal être, ce soit soi-même et uniquement soi. Mais, qu’on se le dise, c’est beaucoup plus facile de blâmer l’autre, que de se blâmer soit même.

Alors voilà, trois mois, c’est beaucoup et c’est aussi très infime comparé à une vie entière. Mais c’est assez pour comprendre bien des choses. Je préfère le dire d’entrée de jeu, trois mois ne m’auront pas donné la prétention d’être la prêtresse du « aimez vous les uns les autres, aimez vous vous même et embrassez l’avenir ». Je ne suis pas prête non plus de proposer un feu de camp où on se tiendrait tous les mains en chantant « koumbaya my love ». Cependant, trois mois m’ont fait grandir, en bien des aspects et je pense qu’il est de mon devoir (et surtout, j’ai très envie d’en parler), de partager tout ça.

Déjà, si je suis partie, c’est parce que j’avais peur. Peur de la solitude. Et puis, j’étais pas vraiment heureuse, ma vie ne me convenait pas, et j’avais juste envie de m’échapper. Au début, c’est marrant, on dit juste qu’on veut voir d’autres choses, d’autres cultures, bref voyager. Et si vous arrivez à gober ça vous même bravo, mais le reste du monde n’est pas dupe : t’es juste tellement insatisfaite que tu veux voir si l’herbe est réellement plus verte ailleurs. Tu te fais tellement chier ici, que peut être que ce sera mieux dans un autre pays. Et puis au final, faut être honnête, métro boulot dodo, ça fait chier. Cerise sur le gâteau, en amour, c’est vraiment pas la joie, mais alors pas du tout. Avec un peu de chance, tu prendras le recul nécessaire sur ton histoire, et t’arriveras à prendre des décisions objectives. Ou alors t’oublieras, mais ça, c’est vraiment trop facile finalement.

Et ma conclusion est la suivante : j’ai changé. Profondément. Le but n’est pas encore forcément atteint (pour ça, j’attends une aide divine), par contre j’ai beaucoup appris. Et la chose que j’ai appris le plus, le mieux, ne faisait en aucun cas partie de mes aspirations et motivations au départ. Et pourtant, c’est une évidence aujourd’hui, j’en avais sacrément besoin : j’ai appris, du moins j’ai commencé à apprendre, à m’aimer. Juste moi. Et c’est un gros morceau dont on parle.

Ta vie, tu peux la rêver en un millions de couleur, elle restera monochrome tant que tu n’auras pas compris comment elle fonctionne. 

C’est donc avec fierté que j’admets aujourd’hui que je me suis auto pourrie la vie pendant 26 ans. Alors mon psy pourra vous dire que j’ai blâmé bien des personnes, en commençant sans doute par ma mère, mon père, mes soeurs, mes mecs, mes copines et même le dieu des dieux. Quand en fait, la principale coupable était juste sous mes yeux. On ouvre le champagne ? 

J’ai passé ces quelques années à construire un mur autour de moi, un mur invisible qui me protégeait. Des autres. Alors que mon pire ennemi, c’était une partie de moi. J’avais peur, en fait c’était plus que ça… J’étais pétrifiée. Je pensais que j’avais peur de me prendre des claques, dieu sait que j’en ai reçues. Mais au final, j’en ai donné aussi. Plus par maladresse que par pure méchanceté. En réalité… J’avais juste peur d’être aimée, sans savoir donner en retour. Et la logique est simple… Je ne m’aimais pas assez moi même, et je rejetais alors toute sorte d’amour puisque je ne le méritais tout simplement pas. Je n’étais pas digne de l’amour qu’on pouvait m’offrir, je ne savais tout simplement pas quoi en faire. Je suis devenue, petit à petit, un bloc de glace. Impitoyable. Je souffrais, profondément, tout en prétendant être la fille la plus heureuse au monde (ou presque). Sauf qu’en réalité, j’en voulais à la terre entière. Et il était inconcevable que je sois la seule à souffrir, alors voilà, le rôle était crée de toute pièce, fait sur mesure : je deviendrais l’inaccessible, je deviendrais mystérieuse, et mes armes seront les mots acérés. La boucle était bouclée, je ferai aussi mal qu’on avait pu me faire mal. Je ferai autant de mal que… j’avais pu m’en faire. Je me suis infligée bien des supplices, sans m’en rendre compte.

Alors voilà, j’ai aimé, mais j’ai mal aimé. J’ai trop aimé. Je me suis jetée à corps perdu dans des histoires catastrophiques, et puis ça a toujours fini de la même manière : des drames, des larmes, un sentiment de rejet, et cerise sur le gâteau, je me suis aimée un peu moins, ou détesté un peu plus, au choix. Et à chaque fois, j’y replongeais. Encore plus profondément. Parce que je pensais que le problème, c’était moi, c’était qui je suis. Alors j’ai donné plus à l’autre, non en fait c’est faux. Je n’ai pas donné plus. J’ai littéralement tout donné. Tout en me demandant comment c’était possible qu’on puisse aimer une personne telle que moi. Et je me suis oublier. Et puis, je me suis (encore) ramassée.

Et puis je suis partie. Je voulais trouver la paix. Parce que la paix, la sérénité, j’en avais sacrément besoin. Et j’ai compris. J’ai compris ce qu’était être heureuse. J’ai compris combien j’avais eu tort, et j’ai grandis.

Si le pronom personnel « je » arrive en première position en conjugaison, c’est pas pour faire joli. J’ai compris que si je voulais aimer correctement, il fallait que je m’aime avant tout. Comment je pouvais donner de l’amour si je n’étais pas capable de m’aimer moi même ? J’ai juste tenté d’enterrer le problème. En aimant trop, j’avais une bonne excuse pour ne pas focaliser cet amour sur moi. Et pourtant, de l’amour, j’en avais besoin ! On aurait pu me verser des litres d’amour, je restais hermétique. Je pensais ne pas le mériter. Je pensais que j’avais besoin d’une autre personne pour me sentir complète. J’ai cru beaucoup de choses, je me suis convaincue de bien d’illusions. Mais cette personne, ce corps, ces défauts et ces qualités, personne n’a le droit de les aimer plus que moi. 

Alors voilà, ne cherchez plus de coupable, regardez vous et apprenez à aimer. A commencer par vous même. Chassez tout ce qui ne vous convient pas, il n’y a qu’une personne qui compte. Au début, j’avais du mal à y croire. Et puis j’ai rencontré toutes ces personnes si formidables, et l’espoir est revenu. La clairvoyance était là.

On a passé des heures à parler d’amour, à parler de sexe, à parler de nos échecs, mais surtout de nos réussites. On m’a dit que j’étais incroyable, que j’étais belle, que j’étais facile à aimer, si facile à aimer, et on me dit que je manque. Que mes blagues, ma gentillesse, et mes histoires manquent. On me dit qu’on m’aime, et puis je dis que moi aussi, je les aime. Parce que chaque jour, en me réveillant, je n’ai pas besoin de me dire « je m’aime, je suis une personne incroyable ». Chaque jour que dieu fait, je me lève en pensant à toutes ces merveilleuses personnes, là depuis 26 ans, 10 ans ou 2 mois, et je me dis que je les aime et que je suis reconnaissante. Et c’est parce qu’enfin je ressens ça, que je comprends simplement que je commence à m’aimer vraiment.

Au vert, Auvers. 32 ans et toutes ses dents. Déjà maman d'un merveilleux petit garçon de 3 ans, Côme, de 2 doggies, d'un Maine Coon et bientôt d'un deuxième petit bébé -ohmondieu- et passionnée par son boulot de social media & influence manager chez Petit Bateau. Comment ça, c'est tout ? (Et amoureuse, aussi!) Et photographe, accessoirement.

5 commentaires

  • Philippe Gstader

    C’est qu’elle va me faire verser ma larme ! Je suis trop ému de lire ma Camille !
    Quelle réussite ce voyage !
    Tu nous as remplis d’images et de mots magnifiques. Voyage intérieur.voyage initiatique,touristique, artistique, sportif.
    Savoir ressentir un coucher de soleil pour soi-même…. Peu de gens connaissent les bienfaits du voyage en solitaire. Le courage de s’affronter.. Le pire ennnemi s’est soi-même.
    Et toutes ses rencontres simples et extraordinaires a la fois, pourvu qu’on s’ouvre…

    Et nous? On va faire comment ? Hein ? On va lire quoi ? Tu vas continuer a nous écrire ! Hein ? Rassure-moi ! Tu vas continuer ton voyage vers le bonheur …

  • Celine

    J’aime beaucoup ce que tu dis et la manière dont tu le dit… je pourrais croire que c’est moi qui dit tout cela
    Tu as raison, le plus difficile c’est de s’aimer soit même
    Le plus grand combat c’est avec soi
    Ça demande du temps, mais déjà en se posant la bonne question c’est un grand pas vers la paix intérieure
    Pas tout le monde est capable de se remettre en question comme cela, en profondeur et sans volte face, c’est un trait de caractère qui fait de toi qqun de bien, qqun de vrai, qqun qui mérite d’être aimée et qui mérite de s’aimer
    Tu ne dois pas douter de toi, même si la vie fait que notre chemin est parsemé de détracteur qui aimerait bien te faire douter, au fond de toi tu ne sais peut être pas encore vraiment qui tu es et de quoi tu seras capable tout au long de ta vie, mais tu sais ce que tu vaux et personne ne devrait pouvoir te faire douter de cela
    Reste telle que tu es en suivant ta ligne directrice, tes intuitions , le bonheur est partout, si tu es prête à lui ouvrir les bras il n’hesitera pas!!!
    Courage à toi, bonne continuation, les photos de ta pages sont extra j’adore!
    Belle journée à toi

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