Voyages

Mes premiers pas en solitaire à  Sihanoukville

Lorsqu’Anaïs est partie, j’ai décidé de prendre les choses à bras le corps, en me répétant continuellement : ça va aller. Il fallait bien ça…

Je pense que tout le monde n’est pas à même de comprendre à quel point ça peut être difficile pour moi, et c’est aussi une des raisons qui m’ont amenées à entamer cette petite « cure d’adrénaline » : je suis une jeune fille angoissée et souvent rongée par la peur. Je n’ai pas peur des autres, mais plutôt de moi et de ma capacité à gérer certaines situations. Je crains l’inconnu, la solitude, la désorganisation, le laisser aller, … J’ai peur de parler aux gens, de demander quelque chose, poser une question aussi bête que « où pourrais-je trouver… ». Je ne sais pas réellement d’où ça me vient mais tout ça peut s’avérer rapidement anxiogène pour moi. Alors vous avez là l’éventail de mes motivations à partir : à bientôt 26 ans, j’ai juste eu envie de prendre les choses en main. Me guérir, en quelque sortes. Pour dompter les démons, et adoucir les craintes… 

Le dimanche soir déjà, j’avais rencontré Dannae, une Chilienne bien dans son corps, bien dans sa tête, d’une joie de vivre et d’un dynamisme qui n’ont peu d’égal. Je ne sais pas pourquoi, on s’était mises à parler du concept du voyage en solitaire, et je me suis rendue compte d’une chose : je ne suis pas une extraterrestre, c’est universel, au début, on est juste toutes (tous ?) terrorisés. Vanessa, l’Autrichienne, est venue confirmer la théorie (et bien d’autres furtifs échanges avec des inconnus voyageurs). Ce qui reste universel, aussi, c’est le discours suivant : c’est exceptionnel de voyager seul, tu ne seras jamais seule tu verras et tu vas faire des rencontres inoubliables. 

Alors ce lundi matin, je suis allée prendre mon petit déjeuner, seule, dans ce petit resto coup de coeur de Siem Reap. C’était un mini pas, mais un pas de géant dans ma condition émotionnelle. J’étais solo maintenant, et il allait falloir que je fasse avec. Et même pire : il fallait que j’apprenne à apprécier chaque moment passé « pas seule, mais avec toi-même » m’a dit Dannae. Dannae est psychologue, sa vie était trop parfaite, elle est partie. (Ca aussi, c’est universel : chaque voyageur solitaire fuit quelque chose, il n’y a rien à redire là dessus, c’est scientifiquement prouvé par moi même). J’ai eu de longues conversations avec elle, elle s’est improvisée coach de vie et si elle savait à quel point elle m’a dit certaines choses qui m’ont fait la sensation d’électrochoc… 

Le soir, je partais dîner avec Valérie & Ruth, mes deux copines belges rencontrées à Phnom Penh (elles ne parlent pas la Français, donc n’allez pas croire que je choisisse la facilité) et là aussi j’ai eu un sacré coup de coeur. On doit se retrouver pour le Laos, normalement… On est ensuite parties arpenter les rues du night market et négocier quelques pantalons. Car oui, j’ai omis ce détail dans mes récits. En 10 jours, 3 de mes pantalons en tissu (ils font environ 2 jours) ont craqué. La cause ? La coupe, mon gros popotin et mes positions de « je prends des photos en toutes circonstances ». C’est la vie, je m’étais fait un budget « fringues locales » mais c’était sans compté leur espérance de vie… Après un tour au bar, on est rentrées dormir.

Le lendemain, schéma similaire. Dannae et Vanessa était parties pour Sihanoukville la veille au soir, et moi je prenais le bus le soir même pour 13 heures interminables. Je devais quitter ma chambre, donc le programme a été le suivant : buller avec Valérie et Ruth autour de la piscine, à observer les scènes les plus abracadabrantes de la pool party alcoolisée qui s’improvisait devant nous, incrédules. A 17h, qu’on se le dise, la moitié de l’auberge était à 4 pattes. On s’était d’ailleurs prêtées au jeu de la sangria au goulot jusqu’à ce que ça déborde sur tout ton visage. La fin de journée s’est prolongée au bar du rooftop et une chose était sûre : elles voulaient que je reste, et je n’avais pas envie de partir ce soir là. Mais il a fallu…
Un tuk tuk est venu me chercher pour m’amener au bus de nuit, grande première pour moi. A son bord, un français qui entamait le même trajet que moi. Après 6 longues heures à s’arrêter toutes les heures en allumant bien fort les lumières, à scruter les bestioles sans noms qui jonchaient le sol à quelques centimètres de moi, à cogiter tellement fort, je me suis finalement endormie… Pour découvrir qu’il fallait changer de bus. Hein ?! Il était 1h du matin, et heureusement que j’ai tendu l’oreille sinon, je serai restée toute la nuit là… J’ai eu la gentillesse de réveiller le Français pour lui dire « on change de bus ! Bouge toi » 

Le nouveau trajet commençait, et je me retrouvais sur un matelas dans la cabine couchette collée à ce fameux Français. Je n’étais pas des plus à l’aise, mais on s’est rapidement endormis jusqu’au petit matin… 6h plus tard, le soleil se levait et avec lui la pluie torrentielle digne d’une mousson tropicale. J’étais donc à Sihanoukville, à la mer, sous la flotte. J’ai négocié le prix de mon tuk tuk malgré la fatigue, et ai apprécié voir que je me faisais encore entubée vu la distance parcourue, mais là encore, trop fatiguée pour protester quoi que ce soit… Il était 6h15 du matin, il pleuvait à torrent, il faisait chaud comme jamais, j’étais chargée comme un boeuf et je n’avais qu’une envie : dormir. Il fallait attendre 11h du matin pour pouvoir investir la chambre, il me fallait donc tuer le temps. J’ai entamé le périple du siècle : aller sur la plage, sous la pluie, à pieds. Alors, j’ai vu la plage, par contre, j’ai jamais compris comment y accéder. Du coup, j’ai marché une heure en faisant une énorme boucle, et je suis rentrée bredouille à l’hôtel, dégoulinante de transpiration pour m’échouer sur un canapé et bouquiner… Je me justifie intérieurement de la manière suivante : si tu n’as pas trouvé l’entrée d’une plage publique, c’est juste ta fatigue. Pas tes neurones qui fondent avec la chaleur…

 Alice m’avait conseillée cette auberge, elle était là avec ses amis. On est partis prendre le petit déjeuner, et je suis ensuite partie dormir un peu…
Cet après midi, fière comme une poule, je me suis dit que j’allais aller me réserver un tour pour la journée de demain dans le parc national de Ream. J’ai dû tirer de l’argent, et ici ils ne te donnent que des billets de 100$. Je vous le donne dans le mille : personne n’a la monnaie. Double flèche en plein coeur : à cette saison, ils n’organisent pas ce fameux tour. Je suis donc pleine aux as sans pouvoir manger, et ma première tentative d’organisation d’un tour en solo est un véritable échec malgré moi.

Mais sinon, ça va aller. Mes premiers pas en solitaire, sont dignes d’un nouveau né qui essaie de marcher avant même d’avoir essayer le 4 pattes.

Au vert, Auvers. 32 ans et toutes ses dents. Déjà maman d'un merveilleux petit garçon de 3 ans, Côme, de 2 doggies, d'un Maine Coon et bientôt d'un deuxième petit bébé -ohmondieu- et passionnée par son boulot de social media & influence manager chez Petit Bateau. Comment ça, c'est tout ? (Et amoureuse, aussi!) Et photographe, accessoirement.

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