
Tuol Sleng & Choeung Ek, l’histoire noire d’un peuple abimé par la guerre au Cambodge
Vous êtes nombreux à voir mes photos du Cambodge, les noix de coco, les temples, la piscine, le paradis sur Terre, en quelque sorte… Mais je ne crois pas que ce soit la véritable image du Cambodge, je la trouve même relativement faussée. Avez-vous déjà entendu parlé de Tuol Sleng ?
Le Cambodge est un pays pauvre, le choc culturel est violent, déstabilisant. Il fait mal. Alors on pourra aussi mettre ça sur le compte de la fatigue, le décalage horaire, la nouveauté, oui, ça contribue grandement à l’était psychologique fragile dans lequel je me trouve : la peur de l’inconnu, la phobie de la solitude que je désire apprivoiser, la maniaque du contrôle que je peux être mais la vérité est qu’on ne peut pas détourner les yeux du contexte historique du pays.
Hier fut une journée éprouvante pour moi. Et une fois rentée à l’auberge, il faut dire que le contre coup a été considérable, inattendu. J’ai visité Tuol Sleng & Choeung Ek.
En 1975, les forces de sécurité de Pol Pot firent du lycée Tuol Svay Prey la prison de Haute Sécurité 21. Cette prison est rapidement devenue le plus grand centre de détention et de torture du Pays.
Aujourd’hui, Tuol Sleng est le musée du génocide commis par les Khmers Rouges, il y a de ça seulement 30 ans. 30 ans. Il témoigne de façon bouleversante les atrocités infligées par les Khmers rouges, qui tenaient à l’époque des registres méticuleux de chacun de leurs faits et gestes. Chaque prisonnier qui arrivaient au S-21 était photographié, avant et parfois après les séances de tortures. Plusieurs salles sont aujourd’hui tapissées par ces photographies, de femmes, d’hommes ou d’enfants aux regards si désarmants.
Tout a été laissé plus ou moins tel quels… Les « lits », les écritures au mur, les chaines, les tâches de sang, parfois… L’ambiance est pesante, comme si l’horreur persistait à travers le temps.
Les tortures expliquées, de l’asphyxie, aux seau d’eau bouillants, à la pendaison par les pieds la tête dans un sceau d’eau puant, jusqu’à l’arrachage de tétons des femmes puis les sangsues déposées ensuite. C’était il y a 30 ans. C’était Tuol Sleng.
En 1979, lorsque l’armée vietnamienne libéra Phnom Penh et donc Tuoel Sleng, elle ne trouva que 7 survivants prisonniers.
Hier, l’un de ces 7 survivants était présent, quelle émotion…
L’horreur ne s’arrête pas là. Je suis ensuite partie visiter le camp d’exécution de Choeung Ek, également appelé « Champs de la mort », situé à environ 8km de la prison. Ce sont des camions remplis d’hommes, de femmes et d’enfants qui affluaient chaque jours. On leur promettait un nouvel endroit où vivre, mais certains savaient déjà ce qui les attendait… Parfois, il s’agissait peur eux d’une délivrance…
Imaginez… Marchez au travers des fosses, découvrez par vous même des ossements remontant à chaque saison des pluies, des dents éparpillés par ci par là, des morceaux de vêtements à peine visibles sous la terre mouillée… Découvrez la trace du générateur permettant d’avoir l’électricité mais aussi de cacher les hurlements puisque personne n’avait connaissance de ce camp à l’époque… Entendez la musique des khmers rouges mêlée aux bruit du générateur… Voyez ces visages effrayés, ces nourrissons dont on fracasse le crâne contre un arbre… Ces horreurs, faites par des Cambodgiens à d’autres Cambodgiens…
Mais ne jetons pas la pierre trop vite. Et si pour survivre c’était le seul choix que vous aviez ?
A l’intérieur de ce camp a été érigé un monument à l’intérieur duquel sont minutieusement exposés les crânes retrouvés. Chaque crâne dispose d’une gommette de couleur permettant d’identifier la façon dont la personne est morte.
Ce fut une journée chargée d’émotions, la souffrance d’un peuple ayant perdu 1/3 de sa population, une journée chargée d’histoire.
Alors voilà, le Cambodge c’est ça… La pauvreté mais pas que, la beauté mais pas que, les souffrances mais pas que, les sourires mais pas que, l’humilité mais pas que, c’est avant tout une histoire qui ne doit pas être oubliée…
Camille
Au vert, Auvers. 32 ans et toutes ses dents. Déjà maman d'un merveilleux petit garçon de 3 ans, Côme, de 2 doggies, d'un Maine Coon et bientôt d'un deuxième petit bébé -ohmondieu- et passionnée par son boulot de social media & influence manager chez Petit Bateau. Comment ça, c'est tout ? (Et amoureuse, aussi!) Et photographe, accessoirement.

Il pleut sur le Mékong

Dancing in Phnom Penh
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4 commentaires
Anonyme
Tu fais ton apprentissage maj chérie c’est important de savoir et de se souvenir
Courage et bisous
Anonyme
Belle photos !
Sonia
Cette expérience va te permettre de relativisé par rapporte à la vie en France. C’est comme ça que tu te rendra compte de la chance que tu as et c’est ça qui t’aidera a grandit encore plus.
N’ai pas peur de la suite car tu as un courage que tu ne sais même pas que tu peux avoir et ce courage va te mener très loin dans ta vie et ce au niveau de ta richesse intérieur.
Philippe Gstader
Super reportage ! Rien que ça , ça va te motiver pour découvrir encore plein de choses que tu n imagines meme pas !
Content pour toi !
Biz